Il semblerait que la société
Hyperion Entertainment Cvba, connu dans le monde Amiga pour avoir développé/porté quelques jeux pour Amiga PPC (à savoir Heretic II, Quake II, Freespace ou encore Shogo) et surtout pour être le développeur/éditeur d’AmigaOS dans sa version PPC (à savoir AmigaOS 4 et 4.x dont la dernière version 4.1 Final Edition est sortie il y a peu), ait été déclarée en banqueroute.
Cette information, révélée le 13 février dernier via les forums d’AmigaWorld.net, vient tout droit de Faillissementsdossier.be, un site/registre d’insolvabilité, mais aussi d’informations sur les liquidations et redressements judiciaires, les sauvegardes et les ventes aux enchères.
Après quelques postes indiquant que la santé financière d’Hyperion n’était pas au beau fixe (voir ce poste d’OlafS25 qui indique avoir des informations comme quoi Hyperion aurait un lot de factures impayées issu du développement des précédentes versions d’AmigaOS et n’aurait de ce fait pas de quoi financer le développement de la version 4.2) le compte officiel d’Hyperion sur AmigaWorld.net utilisé par les différents « administrateurs » de la société, à savoir le compte Hyperionmp, a répondu en indiquant :
Citation d’un écrivain célèbre : « Les nouvelles de notre disparition sont grandement exagérées » 😉 (Note du traducteur : il s’agit d’une citation de Mark Twain quelque peu modifiée qui était à la base « The reports of my death have been greatly exaggerated« ).
Ceci est le résultat d’un incident administratif malheureux que l’on doit à une tierce partie, tout ceci est en cours de traitement/éclaircissement.
Cela pourra prendre un certain temps car tout prend un certain temps en Belgique quand il s’agit de questions administratives et judiciaires.
Pour ceux qui dansent sur notre tombe, désolé les gars, pas de fête ici 😉
Les administrateurs d’Hyperion Entertainment (NDTrad : « Hyperion Entertainment Directors » dans le poste en anglais)
Ce compte a ensuite reposté quelques précisions sur les activités des salariés de la société durant ces derniers mois. On y apprend que les activités principales de Thomas Frieden pour les 6 derniers mois ont été de travailler sur le portage d’AmigaOS 4.x pour la plate-forme Cyrus, sur le portage de LibreOffice (un jour par semaine) et du travail sur le kernel ExecSG, le tout payé par Hyperion ou par A-EON (pour LibreOffice), démentant ainsi que ce dernier travaillerait désormais pour une société Linux. Quant à Hans-Joerg Frieden, il travaille principalement sur le portage de la dernière version de Gallium et sur le firmware du Cyrus.
Petit point juridique :
Il est intéressant de comprendre comment fonctionne la procédure de déclaration de banqueroute en Belgique (informations issues en grande partie du site DroitBelge.be).
Suite à un ou plusieurs impayés, les créanciers (mais pas seulement eux, peuvent aussi en faire la demande le débiteur lui-même ou bien le Ministère Public) peuvent demander la faillite d’une société. Pour cela ils en font la demande au greffe du Tribunal.
Le débiteur doit avoir cessé de payer de manière persistante et être en manque de liquidité durablement. Si le juge estime que les conditions de la faillite sont remplies, il la prononcera et désignera alors un juge-commissaire et un ou plusieurs curateurs (mandataires de justice qui agissent en tant que représentant des créanciers et du débiteur).
À partir de la date du jugement déclaratif de faillite, le curateur est chargé de la gestion des biens du débiteur (il ne pourra dès lors plus ni payer ni recevoir de paiements). Le débiteur est en cessation de paiements à partir de la date de déclaration de faillite. Le jugement déclaratif de faillite entraîne comme conséquence que les créances non échues deviennent immédiatement exigibles. Au cas où le curateur constate que l’actif est insuffisant pour couvrir les frais présumés de la gestion et de liquidation, le Tribunal de Commerce pourra prononcer la clôture des actes de la faillite.
La décision de clôture de la faillite entraîne la dissolution de la personne morale et la clôture immédiate de la liquidation.
Retour sur la situation d’Hyperion
La société qui est déclarée en banqueroute peut toutefois faire opposition à cette procédure, conformément au « Belgian Bankruptcy Act« . On peut penser, d’après la première intervention de Hyperionmp, que c’est la procédure qui est en cours actuellement. Dans ce cas, la Cours peut prendre la décision d’annuler la première décision, ce qui revient à dire qu’aucune procédure d’insolvabilité n’avait été prononcée.
Pour paraphraser Guibrush dans les commentaires d’une information récente :
Les seules questions à se poser sont :
– savoir si l’argent est dû,
– si dans ce cas Hyperion peut payer.
En effet, si l’argent n’est pas dû, alors la décision sera annulée. Si l’argent est dû et qu’Hyperion ne peut payer, alors la suite de la procédure sera enclenchée.
Depuis son dernier message en date du 14 février, Hyperionmp n’a pas reposté dans ce fil de discussion.
Cependant et pour terminer sur une note positive, le compte d’AmigaKit (revendeur Amiga et dérivés situé en Angleterre mais aussi et surtout distributeur et associé d’A-EON) a posté 21 février un message plein d’espoir :
Les projets logiciels d’A-EON sont toujours en développement. Certaines sorties excitantes (NDTrad : « exciting releases » dans le texte original, nous rappelant les grandes heures d’un certain Bill McEwen) sont prévues cette année, avec la première prévue pour Mai. Certains sont des logiciels pour le système plutôt que des applications. Donc le travail continue… »
Mise à jour du 13 avril 2015 :
Hyperion est revenu sur cette histoire de faillite et ce, de manière officielle sur son site internet, pas plus tard qu’hier. Voici la traduction de cette clarification, initialement faite dans la langue de Shakespeare :
Bruxelles, 12 avrril 2015
Contrairement aux informations postées sur certains sites internet, Hyperion Entertainment CVBA n’est pas en état de faillite. Du fait d’un concours de circonstances malencontreux, la société a été temporairement répertoriée comme « en faillite » (NDTrad : il est indiqué « bankrupt » dans le message original) alors que la société n’a jamais rempli les conditions pour être mise en faillite et, au regard de la loi, elle n’a ainsi jamais été en faillite.
Le développement d’AmigaOS 4 (qui a récemment abouti à la sortie d’AmigaOS 4.1 Final Edition) est toujours en cours même si certaines ressources ont été redirigées et allouées au support du prochain matériel de chez A-EON Technology.
La société est en cours de réorganisation via l’ouverture de son actionnariat et la désignation d’un nouveau directeur général. De plus amples informations vous seront communiqués prochainement, quand toutes les formalités légales seront derrière nous.
Quelques supporters d’AmigaOS 4 nous ont approchés et voulaient savoir ce qu’ils pouvaient faire pour nous aider et accélérer le développement d’AmigaOS 4.2.
À cette question, nous avons une réponse simple : faites, s’il vous plaît, la mise à jour de toutes vos machines pouvant faire fonctionner AmigaOS 4.1 Final Edition.
Non seulement, AmigaOS 4.1 Final Edition sera utilisé comme base pour les futures mises à jour, mais vous nous aiderez également à accélérer le développement d’AmigaOS 4.2.
Et pour ceux d’entre vous qui auraient d’autres idées concrètes, vous êtes cordialement invités à nous contacter.
Nous apprécions votre soutien et nous nous réjouissons de vous rencontrer à l’un des prochains événements prévus pour célébrer les 30 ans de l’Amiga !
Cette déclaration avait été précédée, le 8 avril 2015, d’un message sur le forum d’AmigaWorld.net, message posté par le fameux compte Hyperionmp :
Les dettes d’Hyperion n’ont pas été payées par A-EON ou quiconque associé à A-EON.
Ce qui s’est passé, c’est qu’Hyperion a été déclaré en faillite PAR DÉFAUT sans que nous ayons la possibilité de nous défendre. Les conditions de la faillite n’ont jamais été remplies.
Le jugement par défaut a été contesté, Hyperion a été représenté devant le tribunal qui a annulé son précédent jugement avec effet rétroactif, ce qui signifie qu’Hyperion n’a jamais été en faillite au regard de la loi.
Voilà tout ce qu’il y a à dire.
Comme en atteste d’ailleurs certains sites dédiés aux entreprises (voir la base de données de Enterprise Data qui liste Hyperion comme une société en « situation normale » et ce, depuis le 2 avril dernier, ou bien encore le site B-Information qui indique que l’entreprise est en situation légale transitoire), Hyperion semble bien sorti de ce qui ne s’avérait finalement être qu’un mauvais moment à passer.
Le compte Hyperionmp a enfin posté un dernier message sur le forum d’AmigaWorld.net hier, histoire de faire taire les mauvaises langues qui interprétaient de manière négative le communiqué officiel :
Pas de changement de propriétaire, désolé. Pas de brevet vendu, transféré ou grevé par des privilèges. Aucune licence accordée. Je pourrais continuer. Notre capacité à contrecarrer activement les théories conspirationnistes reste toutefois limitée, il me semble 😉
Pas mal comme conclusion, non ?