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Tout cela me laisse perplexe.
Déjà, je ne comprendrai décidément jamais comment on peut passer de “il y tel détail que la science ne sait pas expliquer pour l’instant (ou trouve trop insignifiant pour s’y intéresser)” à “C4EST FORCEMENT A CAUSE DES EXTRATERRESTRES/DES ESPRITS/DU MAGNETISME§§§§§”
Et puis, toutes ces histoires d’ésotérisme utilisent des arguments super-fallacieux.
-“Tu peux pas prouver que ça n’existe pas”. Désolé mais c’est pas dans ce sens que ça marche. Il y en a des chiées, d’affirmations dont on ne peut pas prouver la fausseté. Surtout si on parle d’affirmations ultra-tordues. C’est à celui qui affirme des choses qui sortent du cadre de ce qui est connu/”prouvé”/vraisemblable d’apporter des preuves. La question centrale est donc : qu’est-ce que ce cadre des faits considérés comme vrais ? Comment caractériser ce qui est vraisemblable ? Moi, je crois en la science parce qu’elle forme un système de lois cohérent, bien vérifié, qui par ailleurs prouve sa large pertinence par ce qu’elle a permis de créer. Si on s’était totalement gourés dans les lois de la gravitation, on n’aurait pas pu envoyer des sondes à l’autre bout de notre système. Si les lois de l’électricité et du magnétisme étaient fausses, vous ne liriez pas ces lignes, sur un support qui n’existerait pas, grâce à une machine qu’on n’aurait jamais créée. D’autre part, étant donné le niveau de compréhension actuel de notre monde par les scientifiques, je ne crois pas qu’on fera de découvertes remettant en question toutes nos connaissances passées. Pas beaucoup de chances en biologie, quasiment aucune en physique. Pour ce que je crois en politique et en psychologies, ce serait un peu long à décrire ici.
-“Bref, tu ne peux pas prouver”. Comme plein de choses en fait. A part dans le milieu très restreint des raisonnements et des environnement expérimentaux étroitement contrôlés, il y a bien peu de choses qu’on prouve à 100%. 99,9% ? 99 ? 90 ?
Cette fille, es-tu sûr qu’elle ment quand elle rate son quatrième rendez-vous parce que son quatrième grand-parent est mort en 1 mois ? Tu as la preuve qu’il y en a au moins un en vie ? Tu es sûr que ce n’est pas un imposteur ?
La vitesse est limitée à 50 en ville ? Tu en es sûr ? Tu es sûr que ceux qui le disent savent de quoi ils parlent ? Tu as toi-même lu l’article dans le code de la route ? Tu es sûr que ta copie du code de la route n’est pas une contrefaçon ? Tu es sûr que le gars qui t’a certifié qu’elle était authentique n’est pas un menteur ?
Je peux en sortir autant que je veux comme ça. Heureusement qu’on ne fonctionne pas comme ça. On utilise le “doute raisonnable”, les accumulations d’indices…le tout étant de savoir, pour chaque jugement qu’on a à faire, quel est le dégré de certitude qu’on veut avoir. Ca dépend. A-t-on envie de dépenser du temps et de l’argent pour être sûr de connaître la vérité ? Préfère-t-on se tromper dans un sens ou dans l’autre (présomption d’innocence, décision abandonnable/retardable mais aux conséquences irréversibles si prise…). Toujours est-il qu’on ne sait jamais totalement, il y toujours un moment où on doit faire confiance à quelqu’un. Je crois les journaux quand ils me disent que Sarkozy est président de la France, et pourtant je n’ai personnellement lu aucun papier officiel l’indiquant. Je crois que les élections n’ont pas été pipées (regardez les pays où les gens ne le croient pas – à tort ou à raison – c’est un beau bordel). Je crois les scientifiques quand ils me disent que les petits points lumineux qu’on voit la nuit sont des étoiles, et pourtant je n’y ai jamais mis les pieds. Bref, même le dernier des rationalistes est quelque part un croyant ! Sinon, il serait condamné à un agnosticisme illimité et proche de la folie (voir Descartes : “tout ce que dont je peux affirmer l’existence, c’est ma conscience”). Mais un croyant qui, à défaut de preuve, se base sur des probabilités, sur la logique, sur le savoir qu’il a accumulé.
-“N’empêche que vu que tu peux pas prouver que c’est faux, tu dois respecter mon opinion, elle vaut autant que la tienne”. Euh…non. C’est mentir sur les statistiques, comme j’en parlais juste au-dessus. Un pote m’avait sorti une bonne blague qui explique bien le problème. On devait parler de tirage du loto, d’exploit sportif ou autre chose du genre. Et il me dit : “bah c’est simple : tu y arrives ou tu n’y arrives pas, donc tu as une chance sur deux”. Ce qui est bien sûr de la grosse marrade. On ne peux pas se pointer avec une affirmation qui fait bondir tout le monde et qui a 1 chance sur 10000 d’être vraie, et dire “puisque vous ne pouvez pas prouver à 100% que je raconte des salades, j’exige que mon opinion soit traitée à égalité avec l’opinion établie”. C’est de la manipulation.
J’ajouterai pour finir, et en déduction logique de ce que j’ai écrit ci-dessus, qu’un ésotériste, sachant notre pauvre condition d’êtres aux connaissances finies, limitées, et donc condamnés à faire confiance à la vraisemblance, la logique sur des données partielles et les lois de la probabilité pour former notre jugement, devrait donc essayer de nous convaincre sous cet angle-là plutôt que faire son mystérieux à grand coup de “vous êtes formatés, et si vous ne croyez pas c’est parce que votre conscience n’est pas assez élevée pour comprendre”. Parce que si quelqu’un me sort des affirmations invérifiables, je ne peux que m’en remettre au pifomètre, et celui-ci me dit : “catégorie gros WTF, 0%. Arguments ? Aucun : 0%. Questions/doutes vraiment pertinents? Bof…+1% J’ajoute 1% de crédibilité pour l’orthographe et la capacité à s’exprimer de façon cohérente, conclusion : 98% de chances pour que ça soit des conneries.” Sans pouvoir le prouver ou en être sûr à 100%, donc
EDIT : oh punaise, 666/2 messages, même pas fait exprès, là y’a une action divine.
