Si vous ne connaissez pas le Checkmate A1500, développé par Stephen Jones et James Campbell, alors vous êtes comme moi il y a quelques mois. Je l’ai découvert par hasard au détour d’un message sur Twitter, quand quelqu’un a posté un lien vers un article de blog dédié à ce boîtier.
Pour faire simple, on est en 1990 et il s’agissait en fait de mettre un Amiga 500 dans un boîtier métallique de type bureau, ceux sur lequel on pose son écran (il lorgnait clairement du côté de l’Amiga 1000 à l’époque). De ce fait, le clavier devait être déporté, comme pour tout ordinateur en tour. Pour cela, était utilisé celui de l’Amiga 500 qui se retrouvait dans un boîtier, lui aussi métallique, à l’instar de ce que fera quelques années plus tard MicroniK avec sa tour Infinitiv pour Amiga 1200 qui était accompagnée d’un boîtier dans lequel on y glissait le clavier de l’A1200.
Il est important de ne pas confondre ce Checkmate A1500 avec l’A1500 de Commodore. Ce sont deux « machines » différentes mais qui ont un destin lié.
Mais en détail, c’est quoi et à quoi ça sert ?
Je constate que les lecteurs d’AmigaImpact sont de plus en plus exigeants et que mon introduction pourtant très détaillée ne leur suffit plus… et ils ont bien raison !
Le Checkmate A1500 était une station dite de travail, dans le style de l’Amiga 1000/Amiga 2000, mais basée sur une carte mère d’Amiga 500 (merci à celui du fond qui a suivi). Ce Checkmate était disponible en deux versions : soit livré complet prêt à être utilisé, soit en version à assembler soi-même pour une personne qui était désireuse d’y mettre son A500/A500+ acquis précédemment.
Un Checkmate A1500 et son clavier d’A500 déporté
Le boîtier, tout en métal, s’ouvrait tel un tiroir (le châssis coulissait donc pour pouvoir accéder à l’intérieur du boîtier). Les ports souris/manettes étaient, quant à eux, accessibles sur la façade avant. Pour cela, la technique utilisée était assez simple : il s’agissait de deux rallonges qui partaient de l’arrière de la carte mère pour être redirigées sur la façade. Le ou les lecteurs de disquette se trouvaient eux aussi en façade. Le port d’extension, quant à lui, se trouvait toujours sur la gauche de la machine, puisque la carte mère était positionnée de la même manière dans ce boîtier que dans son boîtier d’origine. Vous pouviez ainsi toujours y brancher votre boîtier GVP ou autre.
Comme cela était indiqué dans la publicité de l’époque, l’idée était d’utiliser le « standard » qu’était devenu l’Amiga 500 pour le transformer en station de travail à bas coût (par rapport à un Amiga 2000, entre autres). Outre la transformation en boîtier bureau, le Checkmate permettait également d’utiliser les deux ports d’extension de l’A500 (l’interne et l’externe). Tout cela combiné permettait de créer une machine puissante pour un budget réduit. Couplé à un Flicker Fixer (le nécessaire était prévu dans le boîtier pour le monter aisément), un contrôleur disque dur avec son ou ses disques et de la mémoire, vous pouviez alors avoir un Amiga 500 professionnel de compétition !
Lancé en 1990, le Checkmate seul était alors vendu 199 livres.
Pour l’anecdote, afin de vendre les versions complètes du Checkmate (boîtier + carte mère + clavier), la société anglaise Checkmate Digital achetait des lots A500 Batman ou autres, ceux que David Pleasance (le directeur de Commodore UK) avait lancé avec succès sur le marché anglais. Les deux compères récupéraient ainsi les cartes mères et les claviers pour les monter dans leur boîtier.
Stephen Jones estime qu’environ 400 Checkmate A1500 (complet ou en kit) ont été vendus, jusqu’à ce que Commodore UK les contacte. En effet, Commodore pensant qu’ils en vendaient des milliers et leur faisaient ainsi du tort, la filiale anglaise du géant américain a invité les deux créateurs dans leurs locaux. Malheureusement, ce n’était pas pour s’associer d’une quelconque manière avec eux, mais plutôt pour leur indiquer que le Checkmate leur posait problème et qu’il voulait se débarrasser d’eux… Et c’est ce qui a été fait quand Commodore, peu de temps après, a sorti le Commodore Amiga 1500, uniquement en Angleterre, au tarif de 990 livres. Cette version commodorienne était en fait un Amiga 2000 recarosser, qui avait deux lecteurs de disquettes 880 ko en interne mais était vendu sans disque dur. En face, le Checkmate A1500 était vendu, en configuration équivalente, à 1049 livres.
Game over pour le Checkmate ?
Cette vile stratégie de Commodore avait mis un terme aux ventes du Checkmate A1500, surtout que le Commodore A1500 a vu par la suite son prix passer à 960 livres avec un moniteur, ou 600 livres sans moniteur… Mais Stephen Jones, homme plein de ressources, est revenu sur le devant de la scène Amiga fin 2017 en présentant son projet de Checkmate A1500+, un boîtier pour lequel il est reparti de zéro.
Grâce aux nouveaux outils de création et à la plate-forme Kickstarter, il a créé son premier prototype et a lancé un financement participatif. Ce dernier a été couronné de succès : 490 participants pour un financement de presque 92 000 livres alors qu’il fallait un minimum de 75 000 livres. Le financement était un impératif pour que les moules d’injection puissent être créés afin de fabriquer les façades avant et arrière du boîtier (en impression 3D, la façade revenait à presque 150 dollars…).
Pour ce nouveau boîtier, Stephen Jones s’est basé sur le modèle qui selon lui, et selon moi aussi, est le plus joli boîtier bureau Amiga : celui de l’Amiga 3000.
Cette nouvelle version permet d’accueillir une carte mère au format Mini-ITX ou Micro-ATX, un Raspberry Pi mais aussi un A500, un A600 voire un A1200. Ainsi, on pourrait y mettre une carte mère de Pegasos I ou II, mais aussi une Tabor A1222 (et peut-être une Sam460 mais rien n’indique que le format FlexATX soit compatible…). Afin de pouvoir loger tout ce beau monde, il convient toutefois de préciser que deux versions du boîtier existent : une version Amiga et une version Mini-ITX/Micro-ATX. Du coup, si vous en prenez une pour votre A500 et que vous souhaitez y mettre une carte-mère Mini-ITX/Micro-ATX par la suite, il vous faudra revenir vers Stephen Jones pour acheter la façade arrière correspondante (merci à Discor pour la précision/correction).
De plus, si vous souhaitez y mettre votre Tabor ou autre Pegasos, sachez qu’il vous faudra des cartes PCI en profil bas, la hauteur du boîtier étant en effet assez réduite et du coup limité à ce standard.
Sachez également qu’une extension est proposée pour l’A500. Celle-ci permet de rediriger le port d’extension gauche à l’intérieur de la tour et ainsi mettre votre carte accélératrice (sauf l’ACA500 qui a un souci avec le déport… merci à nouveau à Discor pour la précision) à l’intérieur du boîtier. Et dernière bonne idée, deux pieds peuvent aussi être pris en option pour surélever le boîtier afin de pouvoir y glisser votre clavier, comme c’était le cas avec l’Amiga 1000. J’adore !
Quant au boîtier dédié au clavier, que ce soit d’A500 ou d’A1200, il est bien prévu mais aucune date ou prix n’ont encore été fixés à ce sujet.
Cette nouvelle version, proposée à 159 livres (+20 livres pour la livraison en France) via le financement participatif, est toujours à ce prix sur le site dédié. L’extension pour A500 est, quant à elle, facturée 45 livres et les pieds 15 livres. A noter que vous pourrez choisir vos façades avant (fermée, pour CD/DVD mange-disque, pour lecteur de disquette interne Amiga ou pour lecteur de disquette externe Amiga) mais aussi votre panel arrière (profil bas, cartes horizontales, A1200/A600, A500).
Sachez que le boîtier ne sera livré qu’à compter de la mi-2019 pour ceux ayant participé aux financements participatifs (Note de Daff : c’est effectif depuis septembre 2019). Pour ceux qui souhaiteraient en acquérir par la suite, il leur faudra attendre quelques semaines supplémentaires.
Et enfin, sachez que Stephen Jones ne compte pas s’arrêter là et souhaite lancer, courant du mois prochain, un nouveau financement participatif, via Kickstarter, pour un clavier USB Cherry compatible avec les touches Amiga ! Affaire à suivre !
Sources :
Page dédiée à l’A1500 sur The Big Book Of Amiga Hardware
Billet sur l’A1500 avec moult photos sur Scuzzblog
Entretien avec Stephen Jones chez RetroManCave (YouTube)
Projet Checkmate A1500 Plus sur Kickstarter
Site du Checkmate A1500 Plus
Article initialement écrit et terminé le 2 décembre 2018 par BatteMan, relu par Daff et Scriptjester, corrections apportées par Discor.